MAWÉ ATTAHER / Le peuple touareg – une histoire millénaire au coeur du Sahara

Le peuple touareg – une histoire millénaire au coeur du Sahara

Kel Taggelmust, « ceux qui portent le voile », Kel Tamashek « ceux qui parlent Tamashek », Imajeren « hommes libres ». Ainsi se définissent les touaregs, ethnie saharienne demeurant depuis toujours au coeur du plus grand désert chaud au monde. Peuple ancestral, ils seraient issus des civilisations pré-berbères présentes sur ce territoire depuis environ 7000 ans avant J-C. Depuis le Moyen-Age, ils pratiquent le nomadisme et dominent le commerce transsaharien de la région, entre les pays méditerranéens et l’Afrique subsaharienne. Jusqu’au XIXème siècle ils se livraient à cette activité à l’aide de dromadaires, ce qui fera apparaitre le terme plus connu de « commerce caravanier ». La mobilité liée au mode de vie nomade est associée à la liberté, en plus d’être un impératif vital afin d’accéder à l’eau potable et aux pâturages.

 

Le touareg a reçu le surnom populaire d’ « homme bleu » pour cause du turban indigo porté par les hommes, dont la teinture déteint sur la peau. Ce turban aussi appelé chèche peut être de différentes couleurs mais il est habituellement porté blanc en signe de respect et bleu les jours de fête. Au delà de la protection qu’il offre contre le soleil et le vent, il est signe de pudeur et de dignité. Il incarne aussi la dissimulation des émotions et le refus d’être dans l’ostentation.
Société matriarcale, les touaregs érigent la femme en chef de famille. Les mythes de la société reposent sur des femmes-ancêtres légendaires. Ce sont elles qui détiennent les terres, les clés de la tente et son contenu ainsi que l’entière administration des biens et de la fortune familiale. Ce sont aussi elles qui détiennent le savoir et le rôle de transmission et d’éducation des enfants. Et même si la loi musulmane autorise la polygamie aux hommes, la femme touareg a érigé la monogamie au sein des couples. Les femmes touareg disposent d’une liberté totale sur leur corps et leur sexualité; elles peuvent ainsi décider de quitter leur mari quand elles le souhaitent sans avoir à présenter un quelconque motif. Cette singularité est accentuée par le contraste qu’elle propose avec les sociétés arabes, très proches historiquement et géographiquement des peuples touaregs, où la position de la femme reste fragile face à celle de l’homme.

 

Peuple méconnu, les premières images et les premiers récits autour de « l’homme bleu » remontent aux prémices de la colonisation. Dès les premiers voyages d’expédition au XIXème siècle, ils furent les pionniers de l’opposition aux avancées françaises au Sahara.
Suite aux différents récits des troupes françaises au Sahara, les cultures et les créations touaregs vont finir de fasciner les mentalités occidentales. Cette forme d’orientalisme ancréedans la vision du désert va peu à peu s’intégrer dans la culture. Le mythe de « l’homme bleu », guerrier sur son dromadaire s’inscrira dès lors dans la propagande coloniale. De nombreux mythes et clichés, confondant cultures et époques restent aujourd’hui présents notamment dans le cinéma ou la littérature.

 

Les indépendances africaines qui se succèdent dans les années 1960 sur les ruines de l’empire colonial français permettent la naissance de nouveaux Etats aux frontières rectilignes au détriment des différentes ethnies de la région. Le désert du Sahara fut réparti entre les nouveaux pays souverains. Les nouvelles frontières vont diviser le peuple touareg présent sur le sol saharien depuis l’Antiquité, entre l’Algérie, la Lybie, le Burkina Faso, le Niger et le Mali.

 

Il reste aujourd’hui environ 1,5 millions de touaregs répartis entre les différents pays notamment au Niger et au Mali. Ils vivent le plus souvent de l’artisanat, grâce aux savoirs-faire qu’ils ont hérité d’une culture ancestrale.

 

Mailys Tourly Tarrega